Aux origines de l'escape game

Sorti en 1988 sur ordinateur Sinclair ZX Spectrum, « Behind Closed Door » est le tout premier jeu de type « escape the room » ou le personnage commence enfermé et doit trouver une solution pour s'échapper. Et c'est là tout la nuance avec le jeu d'aventure qui existe depuis la préhistoire du jeu vidéo et qui a été popularisé principalement à partir du début des années 80 par les sociétés Sierra (Mystery House) et Lucas Arts (Maniac Mansion). Dans ces jeux, le héro commence libre et doit trouver des objets ou clés pour ouvrir des portes.
Aucun graphisme dans Behind Closed Door développé par le studio anglais Zenobi Software, il s'agissait d'une aventure textuelle : l'aventure était décrite comme dans un roman. Notre héro commence enfermé dans les toilettes !
L'aventure escape game a donc bel et bien commencé de manière ludique avec un protagoniste bloqué dans la plus petite pièce de la maison.

Bien qu'une multitudes de jeu ont continué à sortir dans lequel il faut résoudre des énigmes pour pouvoir ouvrir des portes et avancer dans le jeu, comme Myst et ses suites à partir de 1991 ou Resident Evil en 1996 pour les plus connus, il va falloir attendre 2001 pour retrouver un jeu de type « escape the room » dans lequel le protagoniste est réellement enfermé dans une pièce et ou le but final est de réussir à s'échapper. Ce jeu, c'est Mystery Of Time And Space ou MOTA pour les intimes. Un jeu en flash sur navigateur. Le but du jeu est simple : vous commencez par vous retrouver dans une pièce qui ne contient qu'une seule issue verrouillée, et devez par tous les moyens sortir de cette pièce. Pour ce faire, cela peut aller du simple "je trouve la clé sous le tapis et j'ouvre la porte" au plus complexe "avec la barre à mine trouvée dans le frigo je trouve le couteau sous le plancher qui me permet de dévisser les vis de la boîte à fusible, dans laquelle j'installe le nouveau fusible auparavant récupéré dans le tiroir qui était verrouillé par un cadenas dont la clé était cachée dans la fissure se trouvant derrière le poster au mur, afin de réalimenter le générateur réparé avec la clé à molette pour finalement ouvrir la grille qui empêchait l'accès à la porte qui s'ouvre avec la clé reconstituée avec les morceaux ramassés ici et là, à condition aussi d'avoir retrouvé la poignet de la porte cachée sous le lit". Une fois la première porte déverrouillée, vous vous retrouvez généralement dans une autre pièce verrouillée, et refaite la même démarche, jusqu'à la fin du jeu (s'il y en a une).
Un grand succès mis à jour avec de nouveaux niveaux pendant de nombreuses années.

Un autre jeu a popularisé le concept escape the room, c'est Crimson Room (2004) du japonais Toshimitsu Takagi. Sorti à la base lui aussi en flash sur navigateur internet, le jeu rencontre le succès et se voit porté sur console de jeu portable, puis 10 ans plus tard sur PC.
Dans des pièces pratiquement vides au mur rouge, les joueurs doivent réussir à s'échapper avec le peu d'éléments qu'ils trouvent, souvent en détournant leur utilisation.

Le concept est lancé et de nombreux autres jeux vont surfer sur la mode ; on peut citer « 999 : Nine Hours Nine Persons » sur Nintendo DS mais aussi « The Room » sur smartphone pour le plus connu . Il suffit de se perdre sur Apple Store ou sur Google Play pour se rendre compte du nombre impressionnant de jeu de ce type.

Le jeu vidéo n'est pas la seule source d'inspiration du concept de live escape game, mais elle est probablement la plus importante.

Du jeu vidéo au live escape game

Basée à Kyoto, au Japon, SCRAP est une entreprise qui crée des événements basés sur des énigmes. En 2007, l'entreprise a inventé le tout premier jeu d'action en direct au monde, appelé REAL ESCAPE GAME (REG) au Japon. Ces REGs se sont déroulés au Japon et dans d'autres pays d'Asie, dans des lieux uniques tels que plusieurs écoles, des hôpitaux en ruine, des parcs d'attractions, des stades et des églises, suscitant un engouement considérable. Au Japon, une série télévisée intitulée Real Escape Game TV ainsi que des films ont été diffusés. Une enseigne physique ouvre à Kyoto où les joueurs ont 30 minutes pour s'enfuir d'une salle en résolvant des séries d'énigmes.

C'est en 2011, en Hongrie à Budapest, que le premier escape game en Europe arrive dans le format que l'on connaît aujourd'hui avec l'enseigne « Para Park » d'Attila Gyurkovics, qui n'avait alors jamais entendu parler du développement des escape games au Japon. L'enseigne s'exporte en dehors de la Hongrie sous le nom de « Hint Hunt » à Londres, puis à Paris. Le phénomène devient mondial.

Au fil du temps, les cadenas et les clés laissent place à des systèmes d'ouverture et de fermeture électroniques, les décors s'améliorent, les budgets de création aussi, liés à l'attente toujours plus grande des joueurs. Les escape games deviennent de plus en plus immersifs, et les enseignes qui ne parviennent pas à suivre cette évolution frénétique ferment naturellement.

C'est en 2015 qu'Enigma Escape ouvre à Toulouse, en plein essor des escape games, puis un second local en 2016, et enfin un escape game géant appelé Enigma City en 2023, qui préfigure sans doute le futur de l'escape game : toujours plus beau, plus grand et se rapprochant de plus en plus des parcs d'attractions.